MastoDont n°5 : Le suicide, et si on en parlait?

Psté le : 
19 septembre 2024

 

A La Dent Bleue, nous savons que les problèmes dentaires s’accompagnent toujours d’un impact psychologique. L’association est par ailleurs très consciente du fait que certaines situations bucco-dentaires compliquées, combinées à des contextes de vie difficiles, peuvent amener à envisager le pire. Même s’il n’existe pas de statistiques propres à la patientèle du dentaire, nous avons décidé d’aborder la question de front plutôt que d’en faire un tabou.

 

NB: dans nos productions, les termes de patient, praticien, soignant, etc. s’appliquent par défaut de manière non-genrée.

 

Faire face au suicide

"Le suicide est un drame terrible, un enfer qui anéantit les familles, les amis… On n'en parle que trop rarement c est dommage…" (membre de l'association La Dent Bleue)

En France, on estime à environ 9000 le nombre de suicides par an (source : Ministère de la Santé et de la Prévention). C’est deux à trois fois plus que le nombre d’accidents mortels de la route. La problématique du suicide se pose autant pour ses proches que pour soi-même.

 

 

Nul n’est à l’abri

Les pensées suicidaires trouvent leur terreau dans certains évènements vécus comme particulièrement tragiques (décès, séparation, échec personnel ou professionnel), quand on n’entrevoit plus de porte de sortie face à une situation bloquée, lorsque le sentiment de perte de sens devient lancinant.

Quiconque traîne des soucis dentaires depuis un moment pourra en témoigner : le fait de devoir cacher la teinte jaune ou la drôle de forme de ses incisives, d’avoir l’esprit accaparé par une douleur dentaire lancinante, alors que des sourires hollywoodiens s’affichent fièrement sur tous les panneaux publicitaires, peuvent générer à la longue un sentiment de honte, de dévalorisation de soi et de découragement.

Le seuil du supportable peut rapidement être atteint si d’autres problèmes médicaux, financiers, sociaux ou juridiques viennent s’ajouter, conduisant à une souffrance voire un épuisement psychologique. Nul besoin qu’une grosse brique nous tombe sur la tête pour sombrer : l’accumulation de petites briques peut parfois être plus dévastatrice. Ne pas trouver de dentiste pour soigner sa douleur, que celle-ci soit aigüe (rage de dent) ou chronique (inflammation douloureuse des tissus), « tape » irrémédiablement sur le système. Si on n’a pas les moyens de se soigner, que des tensions émotionnelles nous minent, les circonstances peuvent alors s’apparenter à un réel calvaire.

Il faut savoir que la plupart des personnes suicidaires, au fond, ne désirent pas mourir : elles cherchent un moyen d’échapper ou de mettre fin au supplice qui les tourmente (douleur, détresse, désespoir).

 

 

Que faire si l’on a soi-même des pensées suicidaires ?

Une des premières actions à entreprendre est d’en parler. Il s’agit de ne pas garder pour soi ce qui nous fait souffrir. Mais d’entamer une conversation, sans honte, avec des personnes de confiance (famille, ami.e.s, collègues…), pour tenter d’apaiser sa souffrance psychique. Si cette dernière provient en partie de douleurs physiques au niveau dentaire, peut-être qu’un proche saura vous orienter vers son praticien et même le convaincre de vous aider sans délai. Sur le lieu de travail, certaines structures proposent un service de Médecine Préventive, auprès duquel il est possible de prendre un rendez-vous pour exposer sa problématique. Le recours à des professionnels est indiqué, que ces derniers soient psychologues, psychothérapeutes, assistant.e. de service social…
Il est bon de ne pas se sentir seul.e, d’accueillir l’aide qu’autrui a à nous offrir, de savoir que d’autres ont touché le fond et ont évité le pire.

 

 

Et s’il s’agit d’un.e proche ?

 

En cas de crise suicidaire

On s’assurera en premier lieu que la personne fragilisée n’est pas laissée seule, qu’elle est entourée, accompagnée. Si l’on est soi-même présent.e aux côtés d’une personne en proie à une crise suicidaire, il convient d’abord de la protéger d’elle-même en retirant de l’environnement immédiat tout objet « à risque » (boites de médicaments, armes, couteaux, cordes) et en bloquant les accès dangereux (fenêtres, balcon). Si la personne accepte d’être conduite, on pourra lui proposer de l’emmener aux urgences (générales ou psychiatriques). Dans tous les cas, une aide médicale doit être recherchée immédiatement pour que la personne puisse être prise en charge par des professionnels. Comme il est difficile de gérer seul.e ce type de situations, ne pas hésiter à faire appel à la famille et aux proches : leur présence peut être d’un grand secours pour éviter tout passage à l’acte. Les autres sauront peut-être trouver les bons mots ou faire le bon geste. Il est normal d’avoir besoin d’aide pour composer avec la situation.

Les signes d’alerte

Une personne suicidaire aura tendance à s’isoler, à se replier sur soi. Elle se sentira probablement déconnectée de son entourage, honteuse de vouloir passer à l’acte et dans l’incapacité de demander de l’aide pour lutter contre ses idées noires. D’autres manifestations peuvent s’ajouter, comme une grande mélancolie, un sommeil perturbé, une apathie ou au contraire de l’agitation, une consommation d’alcool ou de drogues. Chez d’autres personnes, il n’y aura aucun signe d’alerte apparent, elles feront comme si de rien n’était, dissimuleront parfaitement leur mal-être aux yeux de l’entourage.

L’importance d’en parler

Si la personne n’est pas en train de poser ou d’évoquer un geste suicidaire, la communication et l’écoute seront capitales : peut-on l’inviter à parler de ce qu’elle vit ? Les propos inquiétants et les menaces suicidaires ne doivent jamais être pris à la légère. Il est risqué de croire que les personnes qui disent vouloir se suicider veulent juste « attirer l’attention ». En cas de suspicion, il est nécessaire de ne pas rester seul.e avec ses doutes, de s’en ouvrir aux autres en partageant avec eux son inquiétude.

Pour savoir si une personne a des idées suicidaires, il faut lui poser la question directement. Parler du suicide ne le fera pas advenir. Au contraire, la personne pourra se sentir soulagée de pouvoir enfin se confier, de dire tout ce qui lui pèse sur le cœur, d’exprimer l’impasse dans laquelle elle pense se trouver. Parler du suicide ne créera pas de malaise : c’est une manière de montrer à une personne qui cherche désespérément de l'aide que vous vous souciez d'elle.

Si une personne a déjà surmonté une tentative de suicide par le passé, l’attention portée devra être accrue, et non pas minorée, car les suicides surviennent souvent dans les mois qui suivent une tentative.

 

 

Ressources utiles

Une aide médico-psychologique peut être obtenue auprès de son médecin généraliste, en se rendant au service d’urgences le plus proche de son domicile ou en appelant 15 ou le 112.

Les numéros suivants peuvent être composés :

3114 (numéro national de prévention suicide) accessible 24h/24 et 7j/7

01 45 39 40 00 (Suicide écoute) accessible 24h/24 et 7j/7

09 72 39 40 50 (S.O.S Amitié) accessible 24h/24 et 7j/7

01 40 44 46 45 (SOS Suicide Phénix)

3224 (Fil santé jeune)

 

Pour faire face au deuil :

L’association Empreintes

La Porte Ouverte

 

 

Cet article est collaboratif: toutes vos suggestions de modifications sont les bienvenues pour compléter ou améliorer son contenu!

 

19 sept. 2024

Par : La Dent Bleue

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